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2 novembre 2017 4 02 /11 /novembre /2017 14:41

Des plongeurs scannent depuis un mois la cavité avec du matériel de haute technologie pour obtenir des mesures inframillimétriques. L’objectif : recueillir un maximum de données sur ses œuvres d’art pariétal avant qu’elles soient abîmées par la montée des eaux. 

En toute discrétion, quatre scientifiques supervisés par la Direction régionale des affaires culturelle (Drac) se relaient à 36 mètres de profondeur. Là, après avoir poussé une lourde porte en acier et s'être engouffrés le long d'une galerie noyée de plus de 120 mètres, ils perpétuent la découverte faite par Henri Cosquer il y a vingt-six ans et entrent dans la grotte qui porte son nom. À l'intérieur, ils multiplient les scans et mesures qui permettront de restituer à l'inframillimètre près, la grotte et ses 500 gravures rupestres réalisées il y a 18 000 à 27 000 ans.

Cette mission essentielle pour la recherche scientifique, représente un travail de longue haleine qui ne devrait pas s'achever avant plusieurs mois. Car compte tenu de sa topographie, la grotte Cosquer, à la fois terrestre et marine, demeure très difficile d'accès, ce qui limite les campagnes de ce type. "Impossible de s'y rendre les jours de vent, explique Xavier Delestre, conservateur régional de l'archéologie au sein de la Drac. Les plongeurs ne peuvent pas y entrer à plus de quatre et ne peuvent y rester qu'un maximum de six heures, pour ne pas se mettre en danger."

Plusieurs campagnes de mesures ont été menées depuis la découverte de la grotte en 1991, mais celle qui est conduite actuellement profite des nouvelles technologies, miniaturisées et plus performantes que jamais. "Ce matériel a déjà été utilisé pour mesurer le plus précisément possible les grottes de Lascaux et Chauvet avant de les reproduire, poursuit Xavier Delestre. Il est légitime que Cosquer en bénéficie à son tour."

Ces relevés high tech permettront de travailler pour la première fois sur l'épaisseur des gravures. "On pourra dès lors étudier le geste du graveur et mettre en évidence différents types de tracés, le matériel utilisé (du bois ? du silex ?) et le nombre d'individus qui les ont réalisés, détaille le conservateur. Ces relevés peuvent aussi faire apparaître sur les peintures d'autres couleurs, devenues invisibles à l'oeil nu mais détectables à la lumière infrarouge."

Selon le journal La PROVENCE, la montée des eaux due au réchauffement climatique aurait déjà dégradé un grand nombre d'oeuvres dans la grotte. Ce que Xavier Delestre tempère : "Oui il y a de l'eau dans la cavité, due à la surpression dans laquelle la grotte se trouve. Cette eau, qui altère les peintures, varie énormément, elle peut monter de 50 cm en deux-trois heures et redescendre aussi vite. C'est un phénomène que nous étudions de très près depuis un an et demi." Des capteurs placés intra muros relèvent toutes les cinq minutes ces variations, leur fréquence et leur lien avec la marée, les saisons, la température... "Nous ne disposons pas encore de suffisamment de recul pour en tirer des conclusions", glisse le conservateur qui reconnaît la difficulté à recueillir des mesures fiables dans un site submergé : "Outre la nécessité d'utiliser alors du matériel submersible, le reflet de l'eau empêche toute précision." Un aveu en creux d'une course contre la montre déjà engagée.

L’entrée de la grotte Cosquer étant située à – 36 mètres par rapport au niveau actuel, on peut dire qu’elle était accessible aux humains de – 20 000 ans à – 8 500 ans au moins. À cette dernière date, l’entrée était encore située à 14 mètres ­au-dessus du niveau de la mer. (Données sur les paléorivages)

LA GROSSE COSQUER MENACÉE PAR LA MONTÉE DES EAUX

Le projet du fac similé :

Comble pour un site accessible uniquement par voie sous-marine, la réplique de la grotte Cosquer est devenue un véritable serpent de mer. Dès 2011, vingt ans après sa révélation, le conseil municipal de Marseille lançait un appel d’offres pour une reproduction de la grotte dans les galeries souterraines du fort d’Entrecasteaux. Un an plus tard, la Ville constatant qu’aucun investisseur ne s’était manifesté, le projet - qui devait être entièrement supporté par le privé - tomba à l’eau.

Le coup de théâtre survint en décembre 2016 lorsque Christian Estrosi (LR), à la tête de la Région Paca depuis un an, suggéra que la Villa Méditerranée, chère à son prédécesseur socialiste Michel Vauzelle, devienne le futur écrin de la réplique Cosquer.

Politique, l’annonce coupait l’herbe sous le pied de Vauzelle qui espérait voir l’assemblée du parlement méditerranéen siéger dans la Villa. Et permettait à la Ville de confier le projet à une autre collectivité de même majorité. Bénéficiant d’une descente du public en sous-sol à travers le bassin, le site comprendrait un espace multimédia dans le porte-à-faux, une librairie, un café et des boutiques. L’appel d’offres devait permettre de désigner un délégataire ce mois-ci, qui prendrait en charge le coût d’exploitation. Soutenue par les autres collectivités locales, la Région financerait 50 % des travaux initiaux, soit 10 millions d’euros. "La somme sera amortie par le loyer payé par le délégataire et un pourcentage sur les tickets d’entrée (fixés à 12€)" promettait alors Christian Estrosi. Renaud Muselier, qui lui a succédé en mai dernier, y voyait déjà "une vraie bonne nouvelle pour Marseille. On vise 500 000 visiteurs par an." 

Reste que la campagne de mesures scientifiques menée par la Drac a entraîné du retard dans le calendrier. Les données utiles à la reproduction de la grotte devraient être disponibles d’ici fin 2017, début 2018. "À partir de là, l’appel à candidatures sera lancé, précise Xavier Delestre, à la Drac. Il est de notre devoir de présenter au public un site bénéficiant du meilleur niveau d’information scientifique connu à ce jour." Ce ne sera possible au mieux qu’en 2020, après deux ans de fermeture de la Villa pour études et travaux.

Pingouin représenté dans la grotte Cosquer

Pingouin représenté dans la grotte Cosquer

Mains négatives aux doigts incomplets dans la grotte Cosquer

Mains négatives aux doigts incomplets dans la grotte Cosquer

Source : La Provence.com

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