"La faille du temps" aux éditions Flagrant d'élie, est le premier roman du journaliste Jean-François Perret, actuellement adjoint du chef du
service Informations Régionales au Journal du Centre (Groupe Centre France).
Avec "La faille du temps", ce passionné de préhistoire et d'archéologie nous plonge au coeur de la grotte
Chauvet et de cette société Aurignacienne qui occupait l'Europe il y a 35 000 ans.
Rencontre avec Jean-François Perret qui a bien voulu me consacrer un entretien.
D’où vous vient cette passion pour la préhistoire et l’archéologie ?
Elle me vient de ma plus tendre enfance. Je suis né à Mandeure (Doubs) où se trouvent les vestiges d’un théâtre romain du 1er et 2ème siècle. Petit, je participais les dimanches, avec un ami de mon père, aux fouilles de ce site. La lecture de "« la Guerre du Feu »de J.-H Rosny, m’a aussi beaucoup marqué. Ce livre était un prix scolaire. Je l’avais dévoré. Il figure toujours en bonne place dans ma bibliothèque.
Pourquoi avoir choisi la Grotte Chauvet pour le cadre de votre premier roman ?
J’ai eu la chance d’être en poste en Ardèche comme journaliste au Dauphiné Libéré, au moment de la découverte de la grotte Chauvet en décembre 1994. Pour mon journal, j’ai suivi le dossier sur les plans scientifique et juridique. Et quelques années plus tard, quand j’ai quitté l’Ardèche pour la Nièvre, je me suis aperçu que j’avais accumulé 17 cartons de dossiers d’archives, de notes et de documentations diverses sur la grotte. Cela représentait 37 kilos ! J’ai alors décidé de partager avec le public toutes ces connaissances acquises au fil du temps et au gré des nombreuses discussions que j’ai eu avec une partie de l’équipe scientifique de la grotte : Jean-Clottes, qui était le directeur de l’équipe de recherche, Dominique Baffier, conservatrice de Chauvet, Michel Philippe, le spécialiste des ours, Jean-Michel Geneste, l’actuel directeur des recherches et bien d’autres. N’étant ni scientifique, ni préhistorien, j’ai alors décidé d’inventer une histoire qui mélange la fiction et la réalité scientifique.
Vous venez d’évoquer Jean-Clottes,
mondialement reconnu comme un des plus grands spécialistes de l’art pariétal, et qui a d’ailleurs préfacé votre roman. Qu’avez-vous appris à son contact ?
Qu'en préhistoire, en art pariétal, il y a une certitude, c'est qu'il n'y a jamais de certitude ! Tout est hypothèse
concernant les raisons de la présence de représentations animales sur les parois. S'agit-il d'un art pour l'art tout simplement ? De la volonté de représenter la faune de l'environnement proche à
cette époque ? Ou le résultat de cérémonies chamaniques pour se garantir d'une bonne chasse ? Chacun penche pour une hypothèse. Mais ce ne sont que des hypothèses.
J'ai appris aussi, en particulier pour la grotte Chauvet, qu'il est prudent de laisser une "réserve archéologique" pour les générations futures de chercheurs qui, sans doute, auront des matériaux
plus performants, permettant, par exemple, de sonder le sol de la grotte pour savoir ce qu'il renferme, sans le creuser. Et puis, au fil des rencontres avec Jean Clottes, j'ai énormément appris
sur la culture aurignacienne, sur les différentes périodes de l'art pariétal préhistorique et sur ces artistes aurignaciens qui ont su utiliser l'estompe, le relief des parois, et aussi su
donner l'impression de perspective.
Justement, le chamanisme. Est-ce que comme Jean-Clottes vous partagez cette hypothèse ?
C’est une belle et intéressante hypothèse. Oui, certaines représentations pariétales peuvent avoir été réalisées dans le cadre de cérémonies chamaniques mais je ne pense pas que cela s’applique à toutes.
Comment vivez-vous votre passion de la préhistoire ?
Je visite beaucoup de grottes et j’ai d’ailleurs
eu la chance de voir l'original de Lascaux. Bien sûr je lis aussi beaucoup d’ouvrages sur le sujet et j’ai toujours beaucoup de contacts avec les préhistoriens comme Marc Azéma, qui est l’un de
mes amis. Il vient d’ailleurs de sortir un ouvrage, « La préhistoire du cinéma » (éditions Errance)
dans lequel il
développe une hypothèse très intéressante sur le mouvement et l’art pariétal. Si certains animaux sont représentés avec huit pattes, ce n’est pas une erreur de l’artiste, c’est pour illustrer le
mouvement. Lorsque l’on visite une grotte avec une bougie, ou une lampe à mèche, comme celles qu’utilisaient les paléolithiques, les animaux se mettent à bouger sur les parois. Je l’ai constaté à
Arcy-sur-Cure et c’est très impressionnant. Ma passion, je la vis aussi en faisant des conférences sur l’art pariétal
pour les scolaires, ou pour accompagner les projections du film d'Herzog, sur la Grotte Chauvet.
Est-ce que vous travaillez déjà à un prochain roman ?
Oui mais je vais changer d'époque ! Quitter la préhistoire pour rejoindre l'époque gauloise. J'ai la chance d'habiter dans une région qui compte un site emblématique : Bibracte (le Mont Beuvray), ancienne capitale des Eduens, là où durant l'hiver 52, Jules César, en "villégiature", a écrit une grande partie de ses Commentaires de la Guerre des Gaules. Lui est installé intra-muros, dans l'oppidum, ses légions sont cantonnées à l'extérieur des remparts. C'est à Bibracte également que, plus tôt, Vercingétorix est venu plaider l'unité des peuples de la Gaule. Sans succès. Voilà pour la partie historique. La trame du roman porte sur la rencontre de Vercingétorix avec une femme de Bibracte. S'ensuit une liaison. Lorsque César prend ses quartiers d'hiver à Bibracte, après la bataille d'Alésia, il a dans "ses bagages", un certain Vercingétorix. La femme l'apprend et va tout tenter pour faire évader son amant. Et si elle réussissait ? L'Histoire, avec un grand "H" en serait-elle inversée ?
Jean-François Perret sera les samedi 4 et dimanche 5 août 2012 au 2ème salon du livre préhistorique de La Chapelle aux Saints, en Corrèze, avec 15 à 20 auteurs de BD, de fiction préhistorique.
La faille du temps - Editions Flagrant d'élie - ISBN 979-10-902236-02-8
Jean-François Perret, auteur de "La faille du temps" (éditions Flagrant d'élie)