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9 juin 2017 5 09 /06 /juin /2017 09:03

Des restes, trouvés au Maroc, de cinq individus datant d’environ 315 000 ans pourraient repousser de 100 000 ans l’âge de notre espèce, et plaideraient pour son origine « panafricaine ».

Cette découverte de taille a été faite sur le site marocain du Djebel Irhoud (Maroc), un site connu depuis les années 1960 pour sa richesse en fossiles humains et en outils en pierre particulièrement sophistiqués.  En 2004, Jean-Jacques Hublin et Abdelouhaed Ben-Ncer y ont initié un nouveau projet de fouilles. Ils ont alors découvert des outils en pierre et de nouveaux fossiles d’Homo sapiens provenant d’au moins cinq individus – principalement des morceaux de crâne, de mâchoires, de dents et d’ossements.

C'est la méthode de datations par thermoluminescence sur les outils en pierre trouvés sur le siteque les chercheurs ont utilisé pour déterminer l'âge des fossiles. En tenant compte du niveau d’irradiation naturelle du milieu où a séjourné l’outil à dater et de la nature des cristaux en jeu, on peut calculer la date précise de la dernière chauffe de l’échantillon. On peut donc mesurer le rayonnement accumulé pour déterminer combien de temps les outils ont été enterrés. Cette analyse a indiqué que les outils avaient environ 315 000 ans, à 34 000 ans près. « Quand nous avons reçu les premières dates, nous avons été incroyablement secoués », se souvient Jean-Jacques Hublin. C'est "l'Homo sapiens le plus vieux jamais trouvé en Afrique ou ailleurs".

S’ils chamboulent la connaissance des origines de notre espèce, ces fossiles de sapiens du nord-ouest africain permettent surtout de confirmer un certain nombre d’hypothèses formulées ces dernières années par  les spécialistes de l’évolution humaine. La première concerne l’âge des premiers hommes modernes, qui seraient nés il y a entre 500 000 et 300 000 ans. «Cela repousse enfin la date de l’émergence de notre espèce», se réjouit la paléoanthropologue Sandrine Prat, rattachée au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN). «Si ces fossiles ont 300 000 ans, cela veut dire que notre espèce est plus ancienne encore, observe pour sa part Antoine Balzeau, un spécialiste de Néandertal, chargé de recherche au CNRS. Et puis, cela casse définitivement cette vision très linéaire et statique que l’on avait de l’évolution humaine.»

Cette découverte abonde l’idée selon laquelle Homo sapiens ne serait pas né d’un «jardin d’Eden» dans la corne de l’Afrique il y a 200 000 ans. L’espèce aurait émergé sur tout le continent à une époque où le Sahara recouvert de savane pouvait être traversé rapidement avant d’évoluer graduellement vers sa morphologie actuelle. «Un schéma d’émergence panafricaine», également approuvé par le paléoanthropologue Pascal Picq, du Collège de France, qui explique la diffusion rapide des technologies au paléolithique moyen comme la technique de taille des pierres bifaces. «En revanche, cela montre qu’on est encore loin de connaître tout ce qui s’est passé en Afrique il y a plus de 300 000 ans», soulève encore Pascal Picq.

Un «Homo sapiens» découvert dans la grotte de Jebel Irhoud, au Maroc. Photo Ryan Somma. CC

Un «Homo sapiens» découvert dans la grotte de Jebel Irhoud, au Maroc. Photo Ryan Somma. CC

Sources: Lemonde.fr / Liberation.fr

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